Un apprentissage réorganise physiquement le cerveau

On sait maintenant que le cerveau a deux caractéristiques majeures : la malléabilité et la neuroplasticité.

  • La malléabilité est la capacité du cerveau à changer à la suite d’une expérience qui s’étend sur le long terme, par exemple une exposition répétée au stress ou à une mauvaise nutrition.
  • La neuroplasticité concerne les changements qui ont lieu dans le cerveau en réponse à une expérience spécifique, et concerne également sa réorganisation.

Une étude de Timothy Keller et Marcel Just, chercheurs au Département de psychologie du Dietrich College of Humanities and Social Sciences à Pittsburgh (USA), publiée dans la revue Neuroimage, a montré cet aspect de réorganisation du cerveau sous l’influence d’un apprentissage spécifique. C’est l’une des premières études à montrer que l’apprentissage cause vraiment des changements physiques dans la structure du cerveau.

Pour les besoins de l’étude, les participants ont joué à un jeu de simulation de conduite routière. Un groupe a pris 20 fois la même route, tandis qu’un autre groupe prenaient 20 routes différentes. Les scintigraphies cérébrales ont révélé que, chez ceux du groupe ayant appris le même itinéraire, une partie particulière de l’hippocampe (pour les spécialistes : le gyrus denté postérieur gauche, lié à l’apprentissage spatial) s’était modifié. En outre, la connectivité entre cette région et d’autres régions du cerveau a été accrue.

Tim Keller, auteur de l’étude, a déclaré: « On sait depuis longtemps que l’hippocampe est impliqué dans l’apprentissage spatial, mais il n’a été possible que récemment de mesurer les changements dans les tissus cérébraux humains à mesure que les synapses se modifient pendant l’apprentissage. ».

Marcel Just, co-auteur de l’étude, a conclu : « Nous sommes ravis que ces résultats montrent à quoi pourrait ressembler le recâblage du cerveau résultant d’un l’apprentissage. Nous savons maintenant, au moins pour ce type d’apprentissage spatial, quelle zone change de structure et comment elle change sa communication avec le reste du cerveau. ».

Cette neuroplasticité du cerveau, inimaginable il y encore 20 ou 30 ans, ouvre des perspectives pédagogiques immenses pour « recabler » les cerveaux abîmés.

Bruno Hourst

Ressources

Structural and functional neuroplasticity in human learning of spatial routes

Learning Really Can Cause Your Brain To Change